Mami Kiyoshi, réalité augmentée

Par 12:41 0 commentaires

Novembre. L’air est frais, le ciel couvert et la nuit à peine tombée lorsque je croise la route de Mami Kiyoshi, une jeune artiste de 37 ans originaire du Japon, alors exposée à la Bibliothèque Nationale François Mitterrand, un lieu bien connu de la jeunesse estudiantine parisienne pour ses salles de lecture et son ambiance (presque) studieuse. Lauréate de la Bourse du Talent Portrait 2012 - un prix accordé aux jeunes espoirs du monde de la photographie, afin de les aider à s’insérer dans un univers professionnel réputé difficile -, ses photographies ornent alors les couloirs de la BNF. 


© Mami Kiyoshi, New Reading Portraits, Tokyo, Japan, 2004 

Née en 1974 à Saitama (Japon), Mami Kiyoshi se forme à la photographie et au travail de l’image à la Musashino Art University. Après quatre années passées à travailler dans un studio de photographie publicitaire de Tokyo, elle décide de se lancer comme photographe freelance et réfléchit, en parallèle, à un projet artistique : Tropical Family. Recevant de ce dernier une bourse du gouvernement japonais pour la promotion des études artistiques à l’étranger, elle organisera par la suite de nombreuses expositions en Europe et en Chine et de son projet initial, Tropical Family, naîtra la série New Reading Portraits. 

Mami Kiyoshi, la vibration chromatique 

Au premier coup d’œil, nous sommes tout d’abord arrêtés net dans notre déambulation et saisis par le jeu des contrastes, la netteté du trait et la vivacité des couleurs. Les couleurs semblent vibrer au rythme des déclinaisons chromatiques. Rapidement, nous sommes pris d’une sensation étrange à la vue de ces scènes de la vie quotidienne, pourtant si banales, mais retranscrites avec le brio d’un œil expert et averti. Dans un environnement somme toute très commun, une chose nous pose problème, et nous voilà pris de malaise. Tout ici dérange. Des couleurs criardes aux angles de vues étroits, des regards incisifs des protagonistes à la mise en scène de la vie quotidienne. Ce n’est pas de la photographie, c’est de la peinture. Édifiant. 

Mami Kiyoshi, une réalité multiple 

Mami Kiyoshi nous dit « s’intéresser à l’histoire ». Elle souhaite restituer l’histoire de ses modèles, en l’amplifiant de sa sensibilité, de son imagination, en érigeant ces derniers au statut « de bouddha, de dieux primitifs, de héros » (sic). Et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y parvient. Port noble, regard pénétrant, calme olympien, ces modèles ne sont déjà plus humains. 

Se départissant de la photographie documentaire classique, elle commence par rencontrer ses modèles à leur domicile, discuter avec eux, leur poser des questions pour apprendre à les connaître. Que font-ils dans la vie ? Dans quelles pièces vivent-ils ? A quoi consacrent-t-ils leur temps ? Puis, elle prépare le décor et compose le portrait. 

Cependant, Mami Kiyoshi voit plus loin. A travers ces histoires personnelles, c’est la société tout entière qu’elle souhaite dépeindre. Pour ce faire, elle veut donner à voir une multitude de portraits du XXIe siècle qui, pris dans leur globalité, soient représentatifs de notre époque. Ses photographies montrent alors la multiplicité de la vie : chaque combinaison de personnes et d’objets, de meubles et de vêtements, de passions et de souvenirs, est unique. Cependant, de cette apparente diversité se dégage tout de même une unité car malgré le lieu, le pays, la culture, toutes les vies se ressemblent.

 Ses travaux sont à (re)découvrir ici.

...

Unknown

Auteur

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire